Pourquoi et comment investir dans un portfolio d’actifs numériques ? (3/4)

Partie 3 — Hyper-tokénisation et gouvernance : les leviers du nouveau pouvoir économique

bloom.finance 𑁍
10 min readJul 31, 2020

Chère lectrice, cher lecteur,

Je pensais que ce post serait le dernier de la série, mais je me suis rendu compte en le rédigeant que la quantité d’informations que je voulais te livrer en une seule fois t’amènerai sans doute à faire une rapide indigestion 🤓.

J’ai donc préféré ajouter un 4ème chapitre afin de te laisser le temps d’assimiler tout cela correctement, et de me poser toutes les questions que tu jugeras nécessaires !

Jusqu’ici, j’ai souhaité revisiter avec toi les principes de la technologie blockchain, ainsi que parcourir l’historique des 2 crypto-actifs qui, à l’heure actuelle, ont le meilleur potentiel pour s’imposer comme supports d’un nouveau système financier décentralisé :

  • Dans le premier épisode, nous avons expliqué les raisons pour lesquelles Bitcoin s’est vu attribuer le qualificatif d’or digital.
  • Dans le second épisode, nous nous sommes intéressés à la manière dont Ethereum transcende ces caractéristiques, rendant la monnaie programmable et ouvrant un champs d’applications infini.

Si Bitcoin et Ethereum sont aujourd’hui les éléments clé de l’écosystème, nous allons chercher à comprendre quelle utilité peuvent dès-lors revêtir dans notre quotidien en voie d’hyper-tokénisation les 7745 autres crypto-monnaies.

Chacun des analystes que je suis ou des auteurs que je lis essaye de changer le monde, à son “petit” niveau. Personnellement, je me suis fixé comme challenge de t’accompagner dans la découverte d’un système financier plus transparent, moins exclusif et sans frontières : si tu veux découvrir comment je compte m’y prendre, et développer en parallèle tes propres connaissances dans ce domaine passionnant, tu sais ce qu’il te reste à faire !

https://monportefeuilledigital.substack.com/

Now let’s go 🚀

Julien

Au commencement était ERC20

Nous avons déjà vu ensemble que le langage de programmation (Solidity) permettant de développer des applications décentralisées (smart contracts) sur la blockchain Ethereum est devenu le standard pour la construction de protocoles de gestion du crédit et de la dette sans tiers de confiance.

Mais sais-tu par exemple que n’importe qui a la possibilité de créer, grace au standard ERC20, un jeton électronique échangeable sur la blockchain Ethereum ? Il en existe au total 278003 différents !

Du coup, comment un site comme Coingecko arrive-t-il à recenser une liste de “seulement” 7747 crypto-actifs ? Avant d’aller plus loin, il est important de mettre au clair quelques idées reçues :

  • Tous les tokens ERC20 ne sont pas voués à trouver une utilité auprès du grand public, nombre d’entre eux ont une capitalisation de marché (Nombre de jetons en circulation x Cours actuel) insignifiante voir inexistante, car ils ne sont tout simplement pas des projets viables et/ou pas échangeables de façon assez liquide.
  • Il existe de nombreux concurrents à la blockchain Ethereum qui ont introduit leur propre langage de programmation et leur propre standard de jeton électronique. Toutes les crypto-monnaies ne sont donc pas des tokens ERC20, et toutes ne s’échangent pas sur la blockchain Ethereum !
  • D’ailleurs, les problèmes de gouvernance du projet, de congestion du réseau ou encore de retard de développement n’en font pas encore un système miracle… C’est la raison pour laquelle la liste des “Ethereum killers” continue à s’allonger depuis 2014, chacun de ces projets ayant pour objectif d’augmenter le nombre de transactions vérifiables par seconde, ou bien d’en réduire les frais.
  • Un champs d’application en particulier est en train depuis 2019 d’accélérer l’adoption de ces tokens ERC20, et donc de la blockchain Ethereum : c’est précisément celui de la finance décentralisée.

Vers une économie non censurable, basée sur la gouvernance

Pour comprendre ce qui motive cette adoption, et donc l’émergence de nombreux protocoles de DeFi (Decentralized Finance), intéressons-nous aux principales catégories de jetons ERC20 qui s’y échangent :

  • Au risque de t’étonner, les tokens ERC20 dont la capitalisation de marché ainsi que le volume d’utilisation ont le plus explosé depuis 2019 ne sont pas les plus spéculatifs : ce sont ce que l’on appelle les stablecoins.

Les stablecoins sont des tokens dont la valeur marchande en monnaie fiat est rattachée à une référence externe. Cette référence externe peut être une devise comme le dollar américain, ou une matière première au cours relativement stable telle que l’or.

Le cours d’un stablecoin n’est donc pas soumis au même degré de spéculation que s’il était directement fonction de l’offre et de la demande sur un marché à la faible capitalisation, ce qui est le cas pour tous les autres crypto-actifs.

La stabilité du prix d’un stablecoin est assurée via la collatéralisation (mise en réserve) ou via des mécanismes algorithmiques d’achat et de vente de l’actif de référence.

Créés à l’origine pour permettre aux investisseurs de se protéger de variations de cours violentes, les stablecoins sont en train de devenir un instrument financier à part entière : ils permettent par exemple l’accès non censurable au dollar américain dans les pays rongés par l’hyperinflation comme le Venezuela ou le Liban. Ils ouvrent également le droit à la génération d’intérêts non négligeables via les protocoles de DeFi.

  • Une seconde catégories de jetons ERC20 est à ne surtout pas négliger au sein de la finance décentralisée : ce sont les wrapped tokens, qui fonctionnement sur le même principe que celui expliqué ci-dessus pour les stablecoins. Mais plutôt qu’au dollar ou à l’or, leur valeur est adossée à celle d’actifs numériques circulant sur une autre blockchain, comme par exemple … Bitcoin ! De nombreux “équivalents” de l’or digital circulent ainsi sur les plateformes de DeFi, et ouvrent eux aussi droit à la génération d’intérêts. Cela serait irréalisable sur la blockchain Bitcoin, puisqu’elle ne supporte pas nativement les smart contracts.
  • Une dernière classe de tokens ERC20 est en train de s’imposer comme levier important de cette écosystème : ce sont les governance tokens qui permettent de piloter ces protocoles décentralisés par l’intermédiaire de DAO’s (Decentralized Autonomous Organizations).

Un DAO est une communauté online, régulée par un ensemble de règles applicables automatiquement, sans leadership central. Son but est d’inciter les participants à réaliser une mission commune.

Dans un DAO, le pouvoir appartient à la base de l’organisation, pour décider précisément des objectifs de la communauté et de la méthode à appliquer pour les atteindre : cela se fait grace à un système de vote électronique sur la blockchain Ethereum, qui garantit transparence et infalsifiabilité. Pour pouvoir voter et faire entendre sa voix, il faut posséder un certain nombre de ces fameux governance tokens.

Le DAO peut récompenser la participation individuelle au sein de l’organisation par la distribution gratuite de governance tokens, qui n’ont en théorie aucune valeur commerciale … sauf s’ils créent une demande assez forte à l’extérieur de l’organisation !

C’est ce qui se passe depuis le 15 juin dernier et la mise en circulation du Compound token ($COMP), distribué gratuitement aux personnes souscrivant des prêts ou des emprunts sur la plateforme du même nom. Outre la possibilité de choisir par exemple quels actifs peuvent s’y échanger ou dans quelles conditions, les détenteurs de governance tokens se voient parfois allouer en plus une partie des revenus du protocole ! Voila ce qui a créé la demande en dehors de l’organisation, et l’emballement du yield farming sur lequel nous reviendrons…

Il n’en reste pas moins que les governance tokens sont un modèle complètement révolutionnaire de prise de participation dans une entreprise. C’est un peu comme si Google proposait de distribuer ses propres actions à chaque personne y référençant ou cherchant un site… avec en plus la possibilité de décider comment fonctionne l’algorithme !

Et tout le reste alors ?

Bien-sur, cette tendance que nous venons d’analyser ensemble est récente et a mis longtemps à se mettre en place. Les governance tokens sont la dernière étape d’une évolution qui a commencé avec les jetons ERC20 émis par des bourses d’échange centralisées, comme par exemple Binance — le plus gros exchange à l’heure actuelle en termes de volume — et son Binance Coin ($BNB).

Ces tokens n’ouvrent aucune porte d’un point de vue gouvernance, mais permettent néanmoins de capturer une partie des bénéfices générés par ces plateformes sous forme de frais de trading.

A l’heure qu’il est, il est encore trop tôt pour écarter complètement ces “crypto-banques” de la course à la capitalisation de marché. L’évolution du système financier à travers la blockchain n’en est encore qu’à ses débuts, et les plus grosses parts du gâteau restent à prendre pour les quelques protocoles qui deviendront “mainstream”.

Et tout le reste alors ?! Il existe encore d’innombrables actifs numériques en-dehors de Bitcoin, d’Ethereum, des stablecoins, des governance tokens et des coins émis par les crypto-banques centralisées :

  • Bitcoin killers : la fenêtre de tir pour devenir calife à la place du calife est en train de se refermer rapidement ! L’appétit des investisseurs institutionnels pour la version originale de l’or digital explose dans le contexte économique actuel.
  • Ethereum killers : même remarque que ci-dessus; j’ajouterai que, dans un cas comme dans l’autre, ce sont surtout la communauté et le degré élevé de décentralisation qui en font la force par rapport à d’autres projets, même plus évolués technologiquement.
  • Security tokens : ils permettent grace aux smart contracts de fractionner la propriété de biens du monde réél (immobilier, actions, voitures, oeuvres d’art), et donc d’y ouvrir l’investissement pour quiconque possédant une connexion internet. C’est ce pouvoir disruptif qui m’a personnellement amené à m’intéresser à la technologie blockchain !
  • Utility tokens : ce sont des jetons électroniques qui se rapprochent un peu plus de points de fidélité que de moyens de paiement à proprement parler. Ils rendent néanmoins possible, de façon entièrement décentralisée et transparente, l’accès à des prestations réelles telles que de l’énergie produite par un tiers, de l’espace de stockage sur un cloud ou encore de la présence sur les réseaux sociaux !

Conclusion

Lorsque l’on parle d’actifs numériques, les opportunités pour les investisseurs ne manquent pas de se placer au coeur de l’action : même si quelques tendances fortes se dessinent depuis 1 ou 2 ans, l’industrie continue de progresser à une vitesse fulgurante.

En parallèle, les institutions du monde entier (USA, Europe, Asie, Russie) se penchent sur le sujet et commencent a poser un cadre réglementaire, qui espérons permettra de conserver ce haut degré d’innovation et de décentralisation.

On notera notamment l’incertitude que fait planer l’introduction des CBDC’s (Central Bank Digital Currencies) sur l’avenir des stablecoins et la surveillance centralisée des flux de capitaux.

Nous sommes encore en phase d’exploration de ce Far West numérique et économique : nous en avons trouvé le principal filon d’or, nous avons mis en place une logistique qui permet de le fondre, le frapper en monnaie, le prêter, l’emprunter ou l’échanger contre des biens et des services.

Chacun d’entre nous a encore la possibilité d’aller miner cet or soi-même, ou bien de prendre des parts chez le fabricant de pioches, celui de rails ou de wagonnets, la compagnie ferroviaire qui les exploite, la fonderie ou encore celui qui presse les pièces.

Dans un second temps, il convient de s’intéresser aux banques qui se battent pour avoir pignon sur rue, et à la façon dont le sheriff a l’intention de contrôler tout cela … Ensuite seulement viendra le moment d’ouvrir un saloon 🤠 ! C’est ce que nous verrons ensemble dans le prochain épisode !

Le mot de la fin pour mes sponsors 🤟

Cette Newsletter ne saurait continuer à voir le jour sans le support de ces plateformes innovantes avec lesquelles Monportefeuille.digital a déjà construit des partenariats solides :

  • Arya : l’écosystème de trading le plus complet pour naviguer en mode pilote automatique, aussi bien sur le marché des cryptos que sur les marchés financiers traditionnels.
  • Santiment : j’en ai déjà parlé longuement dans mes vidéos — pour moi la référence pour tout ce qui est analyse de données économiques, techniques ou de mouvements d’opinion sur le marché des actifs numériques !
  • Blockdata: agrégation de données stratégiques, normalement destinées aux entreprises et aux institutionnels, concernant les projets blockchain (partenariats / levées de fonds / réglementations).

Disclaimer : le contenu de cette Newsletter N’EST PAS du conseil financier ni fiscal. Je me contente de partager avec toi, en toute transparence et dans un but purement éducatif, mes méthodes et mes décisions personnelles. En tant que lecteur, tu es libre de te faire ta propre opinion et de prendre tes propres décisions ; je t’encourage même a approfondir tes recherches si tu en as le temps ! Et enfin souviens-toi … investis uniquement des montants dont tu n’as pas besoin pour vivre !

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